La temporalité selon Henri Bergson

Henri Bergson a donné un cours intitulé "Histoire de l'idée de temps", au Collège de France en 1902-1903. Ce cours avait fait l’objet d'une retranscription au mot près par deux sténographes assermentés mandatés par Charles Péguy qui ne pouvant assister au cours pour cause de maladie.

Au cours des 19 séances de ce cours, Bergson recherche l'origine de la confusion du temps et de l'espace. Il voit cette confusion résulter des caractéristiques de la pensée conceptuelle, qui s'efforce de saisir la réalité du "donné" (une continuité mobile, une durée) en y découpant des objets qu'elle immobilise. La pensée conceptuelle est également responsable de la confusion entre le mouvement, symbole de la durée et l'espace parcouru ; cette confusion aboutit aux paradoxes de Zénon. Bergson insiste sur le fait que le temps n'est pas indifférent à la nature des phénomènes qui s'y déroulent ; il n'y a pas de distinction possible entre la durée des phénomènes et leur nature, la première fait partie de la seconde. Si nous passons des diverses sortes de durée au temps homogène que conçoit le sens commun, c'est que nous sommes à la fois des consciences et des organismes qui se meuvent dans l'espace et dont l'image nous accompagne partout. Mouvement dans l'espace et durée étant parallèles et contemporains, nous substituons le premier au second, d'abord parce que la pensée conceptuelle ne pouvant se représenter la durée est obligée de la traduire en des termes qui la suppriment, et ensuite pour établir une commune mesure entre nos durées respectives.

Le cours de Bergson invite à s'affranchir d'abord des concepts pour se placer dans la pure durée puis ensuite seulement revenir aux concepts. Ceci vaut en particulier face au problème qui consiste à expliquer le devenir.