Lithostratigraphie, biostratigraphie, cartographie et géologie structurale du Mont Salève, entre l'Arve et les Usses (Haute Savoie, France)

Une nouvelle carte géologique du Salève a été levée au 10’000e par l’un de nous (B. M.) et reproduite à l’échelle 1/25’000. Cette publication correspond à sa notice explicative. La litho- et la biostratigraphie des roches sédimentaires d’âges jurassique, crétacé et cénozoïque sont comparées aux travaux publiés antérieurement. Cette étude apporte de nombreuses précisions sur la datation des diverses unités lithostratigraphiques du Salève, grâce notamment à l’analyse palynologique du Membre du Guiers et de la Formation du Vuache. Dans cette dernière, un niveau à galets de plage témoin d’une émersion sur la plate-forme jurassienne a pu être attribué au Valanginien inférieur (Zone à Pertransiens). De plus, les analyses palynologiques ont montré que la Formation du Vuache (Calcaires roux auct.) du Salève, encore souvent attribuée au Valanginien supérieur, appartient au Valanginien inférieur. D’autre part, de nouvelles données micropaléontologiques permettent de préciser l’âge des « Calcaires urgoniens » sensu lato du Salève. Entre la vallée de l’Arve et celle des Usses, d’importants accidents longitudinaux ont été relevés sur les deux flancs de l’anticlinal de ce pli jurassien. Le réseau de failles longitudinales accompagné de kinks sur le versant SE de l’anticlinal du chaînon du Salève n’avait pas été décrit jusqu’ici, bien qu’il soit visible sur le terrain entre Mornex et la Muraz. Sur le versant NW du Salève, les plans de chevauchement sur le bassin molassique franco-genevois détectés par la géophysique ne sont visibles qu’entre les décrochements du Coin et de Pomier, où ils affectent la Molasse rouge auct. et la Molasse grise auct. La Molasse rouge auct., dont la base a été datée du Chattien moyen dans le bassin franco-genevois, est concordante sur les terrains mésozoïques, contrairement à ce que montrent les profils de certains de nos prédécesseurs. Les décrochements sénestres du Coin et de Pomier et la zone décrochante de Cruseilles recoupent les failles longitudinales et leur sont donc postérieurs. En outre, les grès sidérolithiques imprègnent fréquemment les miroirs de failles de ces deux systèmes de fractures. L’amplitude des décrochements du Coin et de Pomier est d’ordre hectométrique sur le versant NW de l’anticlinal du Salève tandis qu’elle est mineure sur le versant SE. La zone décrochante de Cruseilles d’une largeur d’environ 4 km a provoqué un déplacement de la faille frontale du versant NW de l’anticlinal d’environ 4 km vers le SE. D’après les données fournies par la géophysique, cette zone décrochante, dans laquelle s’insère l’anticlinal de la Caille, semble se prolonger jusqu’au front du Plateau des Bornes. Ce travail se termine par quelques réflexions sur les risques naturels et sur l’hydrogéologie, disciplines fondamentales pour la gestion de l’aménagement du territoire.