Caractérisation et valorisation alimentaire des chenilles d'Imbrasia truncata (Aurivillius, 1908) au Congo-Brazzaville

Résultats

La récolte des chenilles se fait, soit par ramassage au sol, soit par cueillette dans les frondaisons. La récolte par abattage des plantes hôtes n’est pas pratiquée en République du Congo. Le ramassage des chenilles qui tombent au sol est pratiqué aussi bien par les Autochtones (nouvelle appellation conventionnelle des Pygmées) que par les Bantous (personnes appartenant à un groupe d’ethnies vivant dans les régions équatoriales et méridionales de l’Afrique). Les espèces de chenilles comestibles au Congo sont pour la plupart polyphages et que leurs plantes hôtes se rencontrent aussi bien dans les forêts que dans les savanes du pays. 29 taxons ont été recensés, dont 22 identifiés au niveau de l’espèce. Ces chenilles se nourrissent d’au moins 40 plantes hôtes, dont au moins quatre pour les chenilles d’Imbrasia truncata. Il existe une large diversité des chenilles comestibles au Congo. Il ressort que deux familles ont une importance prépondérante, à savoir les Saturniidae (46%) et les Notodontidae (36%) (Chapitre 3). La commercialisation des chenilles est plutôt une activité féminine (92,5%). Elle est plus exercée par les femmes mariées, instruites, gérant un ménage d’au moins 5 personnes et qui ont comme occupation principale, le commerce. Elle est plus rentable pour les grossistes (42% du prix de revient) que pour les revendeurs (22% du prix de revient). Les chenilles d’Imbrasia truncata vendues en République du Congo sont en grande partie importées (80%) des Provinces de l’Equateur et du Sud-Ubangi en RDC, plus particulièrement des localités environnantes de Mbandaka et de Gemena ; la quantité en provenance de la Likouala et de la Sangha est très faible (20%). La consommation de ces espèces varie fortement en fonction des différentes contrées du pays. Parmi ces chenilles comestibles, celle de l’espèce Imbrasia truncata, essentiellement récoltées dans la partie septentrionale du pays, est morphologiquement la plus imposante et la plus commercialisée. Leur taux de consommation par la population est de l’ordre de 62,1%, et la fréquence de consommation hebdomadaire est faible (11,5%) et variable ; 10 à 26,5% de la population congolaise ne les consomment qu’une fois par semaine pendant la période de grande production. La consommation de ces chenilles est indépendante du sexe, du niveau d’instruction et de la situation sociale des sujets. Les habitudes alimentaires, surtout liées aux usages et coutumes, constituent le principal facteur limitant leur consommation (Chapitre 3). Les analyses chimiques ont montré des taux importants de protéines et de lipides totaux évalués respectivement à 70,6 et 15,2%. Elles ont révélé en outre, la présence en quantité appréciable de tous les acides aminés essentiels dont la thréonine, le tryptophane et les acides aminés aromatiques. Les lipides sont riches en acides gras polyinsaturés (acide linoléique C18 : 2 ω6 8,7% et acide α-linolénique C18 : 3 ω3 42,6%). Les éléments minéraux comme les sels de calcium (184 mg) ; de phosphore (621 mg) ; de magnésium (383 mg) ou de potassium (1533 mg) ont de même été mis en évidence. Leur valeur énergétique était évaluée à 1804,6 KJ pour 100 g de matière sèche (Chapitre 3).

Conclusion

L'ensemble des résultats obtenus montre que les chenilles d'Imbrasia truncata sont une source importante en protéines de haute valeur biologique, en lipides riches en acides gras essentiels et en micronutriments susceptibles de pallier les malnutritions protéino-énergétiques et les carences en micronutriments afin de contribuer au développement harmonieux de l'organisme humain et à la sécurité alimentaire des populations.

Application

L'incorporation, des chenilles d'Imbrasia truncata sous forme de poudre obtenue industriellement, aux aliments locaux pauvres en principes nutritifs afin de surmonter les pesanteurs culturelles, devrait permettre de mieux les proposer aux enfants comme aux adultes, pour leur valeur nutritive appréciable.