“Pendant la guerre de 2014, je suis entré avec des soldats israéliens dans un tunnel construit par le Hamas, c’était assez hallucinant”, se remémore Rory Jones, journaliste du Wall Street Journal. Un sentiment partagé par Yocheved Lifshitz, otage libérée par le Hamas mardi 24 octobre : par la voix de sa fille Sharone, l’octogénaire israélienne décrit “un immense réseau de tunnels sous la surface, comme une toile d’araignée”.
Alors que les autorités israéliennes ont confirmé leur intention de lancer une opération terrestre à Gaza, dans le cadre de l’offensive militaire qui a suivi l’attaque perpétrée par le Hamas le 7 octobre, le rôle de ces galeries souterraines revient sur le devant de la scène. Constructions éminemment stratégiques pour le groupe islamiste, qui contrôle la bande de Gaza, elles sont depuis longtemps ciblées par Israël, qui affirme en avoir endommagé 32 lors de la guerre menée dans l’enclave en 2014, rappelle le quotidien conservateur américain.
Mais le Hamas a continué à développer ce réseau, et pourrait avoir construit “des centaines de kilomètres de tunnels” depuis un an, d’après d’anciens officiers de sécurité israéliens.
“Une tâche extrêmement difficile”
Tsahal tente à nouveau de les cibler par des frappes aériennes, mais cela se révèle très complexe – et pas nécessairement efficace –, comme l’explique l’ingénieur Scott Saviz, cité par le Wall Street Journal :
“Gaza présente un environnement urbain dense et déterminer précisément l’emplacement d’un tunnel, parfois très profond, sans le confondre avec une cavité naturelle, une variation dans la nature du sous-sol ou d’autres constructions humaines, est une tâche extrêmement difficile.”
Une frappe imprécise peut donc causer de nombreuses victimes civiles – comme c’est le cas actuellement à Gaza –, d’autant que les entrées de ces souterrains sont parfois cachées dans des immeubles résidentiels, souligne le titre. Scott Saviz explique que la présence d’otages détenus par le Hamas dans ces tunnels complique encore la donne. “Utiliser des explosifs à l’intérieur des tunnels reviendrait à tuer tous ceux qui s’y trouvent”, résume-t-il. Pour que les otages puissent garder la vie sauve, “il faudrait envoyer des soldats spécialistes des combats souterrains”.
Depuis l’attaque du 7 octobre, qui a fait quelque 1 400 morts en Israël, les bombardements déclenchés par l’armée israélienne ont fait plus de 7 000 morts à Gaza, selon le décompte du ministère de la Santé du Hamas.
Toutes les explications sur le rôle crucial de ces tunnels sont présentées dans cette vidéo du Wall Street Journal, traduite et sous-titrée par Courrier international.

C’est la bible des milieux d’affaires. Mais à manier avec précaution : d’un côté, des enquêtes et reportages de grande qualité, avec un souci de neutralité. De l’autre, des pages éditoriales très partisanes. Les chroniqueurs et le comité éditorial défendent, souvent avec virulence, les points de vue conservateurs, même si le titre a toujours maintenu une certaine distance vis-à-vis de Donald Trump.
Récompensé par 39 prix Pulitzer, The WSJ est surtout apprécié pour ses analyses des marchés financiers et son suivi des tendances du management et des affaires. Depuis son rachat, en juillet 2007, par le groupe News Corp. de Rupert Murdoch, le quotidien a toutefois évolué vers une formule plus généraliste afin de rivaliser avec The New York Times. Un luxueux supplément sur l’art de vivre, baptisé WSJ Magazine, a vu le jour en septembre 2008.
Installée dans le quartier financier de New York depuis sa création, en 1889, la rédaction a quitté Wall Street en 2008 pour s’établir un peu plus au nord, à Midtown, dans les locaux de News Corp. Elle comprend au total 1 800 journalistes répartis dans près de cinquante pays.
Avec 600 000 abonnés papier, The Wall Street Journal a le plus grand tirage des quotidiens aux États-Unis. Et même s’il est derrière The New York Times en termes d’abonnés en ligne, il en compte tout de même plus de 3 millions, et plus de 65 millions de visiteurs uniques par mois, ce qui en fait le plus grand site d’information économique et financière payant sur le web.