L'idéal du beau au risque de l'art contemporain : l'expérience esthétique sous l'effet des médias

Cet article a pour objectif de réfléchir à l’influence des médias sur les arts en matière de perception de la réalité socioculturelle et aux risques qu’elle fait courir à l’expérience esthétique. Quelles sont les valeurs esthétiques sous l’effet médiatique que met en risque les sentiments du sublime et du beau ? Cette réflexion a pour axe fondamental la relation entre l’intention de l’artiste et la production culturelle des médias, qui donne à voir une « image » de la réalité en mutation. Les valeurs objectives et subjectives par lesquelles l’interface numérique et analogique est comprise – à la fois comme une image et comme un art – doivent être considérées comme des images qui traversent les frontières, créent et offrent un libre accès à l’imagination à travers les médias et dans l’espace urbain. Ainsi, les images se projettent au-delà de l’environnement social immédiat. Toutefois, la transgression visuelle est remise en cause à partir du moment où l’image concrète est utilisée comme produit artistique, culturel, médiatique et d’expression en rapport avec les libertés fondamentales (Benjamin, 1939 ; Adorno, 1970 ; Jimenez, 2005). De cette façon, au sens platonicien de l’idéal du Beau, penser dans le sens des libertés fondamentales et de celui de connaissance par les arts, revient aussi à se demander si l’idéal du Beau est en mis en péril dans l’art contemporain, remplacé par des valeurs esthétiques et des enjeux contemporains sous l’effet des médias. La réflexion sur la médiation et le risque que la réalité socioculturelle fait courir aux arts contemporains nous conduira à dresser dans cet article un inventaire des réalisations artistiques dans lesquelles le Beau résiste et reste idéalisé. Pour cela, certaines œuvres de l’artiste Ernest Pignon-Ernest seront représentatives à titre d’exemples, comparées à certaines images du photojournalisme en tant qu’art ayant un grand impact médiatique.